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Extrait de l'introductionIl est vain de chercher à retenir le progrès : pas un exemple dans l'histoire ne nous permet de croire qu'une technique accessible ait pu être durablement cantonnée. Qu'il s'agisse de la soie chinoise ou du métier à filer anglais, les exemples sont nombreux des techniques que les États ou les inventeurs ont cherché à préserver pour leurs intérêts propres, sans finalement y parvenir. C'est pourquoi l'avènement des technologies liées aux données ne représente désormais plus une hypothèse que l'on peut infléchir, mais bien une certitude à laquelle nous devons nous préparer. Le choix que nous pouvons encore faire consiste, en revanche, en celui d'un modèle d'émergence de ces techniques qui soit le plus harmonieux pour nos sociétés. Il nous faut donc comprendre, le mieux possible, ce que permettent les données, ce que sont leurs opportunités, leurs dangers ; et cela, le plus vite possible. Car l'avènement de cette révolution est proche. Cela va vite, de plus en plus vite.Ainsi, l'humanité accroît sa production de données de façon étourdissante : chaque minute, environ 350 000 tweets, 15 millions de SMS, 200 millions de mails sont envoyés dans le monde, tandis que des dizaines d'heures de vidéos sont mises en ligne sur YouTube, et que 250 gigaoctets d'informations sont archivés sur les serveurs de Facebook. Nos téléphones mobiles créent également de l'information, que nous l'utilisions ou non. Il en va de même pour nos téléviseurs, s'ils sont connectés à une box ; nos voitures, qui actionnent des capteurs situés sur la route ; la composteuse, qui valide nos billets de train ; les caisses enregistreuses des supermarchés. Les caméras de surveillance en créent aussi, de même que nos déplacements dans notre propre maison, si nous y avons installé une alarme électronique.En 2010 on estimait que nous produisions déjà tous les deux jours environ 5 exaoctets (Eo, soit 1018 octets) d'informations... soit autant qu'entre le début de la culture humaine et 2003 ! Selon la société de recherche IDC, 1,8 zettaoctet de données (Zo : 1021 octets) - soit l'équivalent d'une pile de CD Blu-ray qui ferait sept fois le tour de la Terre - ont été créés en 2011. «L'information disponible à la surface de notre planète en 2020 devrait tourner autour des 40 Zo...» Mais «ces estimations sont rendues fausses d'année en année par les nouveaux usages», précise Jean-Yves Pronier, directeur marketing du gestionnaire de données EMC.Ce n'est pas seulement la croissance du volume de données qui est remarquable, mais le fait que toute cette production de données se fasse désormais au sein d'un réseau unifié - Internet - utilisant le même protocole «LP» pour véhiculer cette information. On estime ainsi qu'en 2025, il pourrait y avoir 100 milliards d'objets connectés ou autant de machines qui créent de la «data» véhiculée par le réseau. (...)Revue de presseActeur éminent de la révolution numérique, Gilles Babinet en explique le prochain épisode : le règne du Big Data. Vous avez aimé le Migou, l'abominable homme des neiges ? Vous adorerez le Big Data, l'épouvantable créature du cloud. A moins que vous ne lisiez l'ouvrage de Gilles Babinet, qui veut combattre frayeurs et fantasmes, et expliquer les vrais enjeux de la maîtrise des "données de masse"...Gilles Babinet est trop averti des ombres et des lumières du numérique pour ne pas voir aussi les risques du Big Data. (Christophe Barbier - L'Express, mars 2015)Le big data interconnecte, croise et analyse à folle allure des milliards d'informations. Il peut établir des séries, des correspondances, des typologies, prévoir avec une quasi-certitude des évolutions, permettre des anticipations jusqu'ici impensables. Mais y sommes-nous vraiment préparés ? Start-upper et aujourd'hui «représentant de la France auprès de la Commission européenne pour les enjeux du numérique», Gilles Babinet est convaincu que ce nouvel âge constitue la première rupture de la courte histoire d'Internet, tant elle va générer de bouleversements. Le big data, affirme-t-il, «va nous pousser à repenser l'ensemble des normes de notre société et la façon dont nous vivons ensemble»...Pour Babinet, il ne faut laisser ni aux technocrates du droit ni aux géants privés le monopole de l'écriture d'une nouvelle régulation sociale. Il faut conjuguer la liberté et la capacité d'inventer un droit, pas à pas, sans vouloir tout régenter à l'avance. L'inconnue est telle, prévient l'auteur, qu'il faut garantir un droit fondamental à l'expérimentation...La société connectée et le big data permettent justement une mobilisation sans précédent de la société civile. A elle de s'en emparer, au plus vite ! (Vincent Giret - Le Monde du 26 mars 2015)