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L’Apocalypse johannique a longtemps posé problème dans l’Église ancienne, en raison de son caractère hermétique et de l’abus qu’en ont fait les sectes millénaristes. L’Orient ne l’a reçue que tardivement, non sans restriction, dans le canon des Écritures. En Occident, elle n’a pas suscité les mêmes réticences. Elle le doit à un exégète génial, qui a su en proposer une lecture à la fois politiquement correcte, théologiquement acceptable et spirituellement utile, dans un contexte historique très différent de celui où elle avait été rédigée. Tyconius, qui a vécu en Afrique du Nord dans la seconde moitié du IVe siècle, appartenait à l’Église donatiste, mais il était loin de partager sans réserve sa doctrine. Il en prenait même le contre-pied sur des points fondamentaux. Cela n’a pas empêché que son commentaire de l'Apocalypse ait subi le sort commun à la plupart des ouvrages réputés, à tort ou à raison, hérétiques: il n’a plus été recopié et s’est perdu. Cependant, les commentateurs de l’antiquité chrétienne et du haut moyen âge s’en sont inspirés de façon à ce point étroite, qu’il est possible de reconstituer, par comparaison, leur source commune. Ce texte fondateur, dont on trouvera ici la traduction, a été édité dans la série latine du Corpus Christianorum sous le numéro 107A. Des renvois aux pages correspondantes de l’édition sont fournis dans les marges de cette publication.
Monseigneur Roger Gryson, professeur émérite à l'Université catholique de Louvain, est connu notamment par ses travaux sur l'histoire des institutions ecclésiastiques dans l'antiquité, l'arianisme latin et la critique textuelle de la Bible latine.