جزییات کتاب
En un temps où la sainteté traditionnellement attribuée à certaines villes continue plus que jamais d’être alléguée par les guerriers de tout bord, les sciences des religions ne peuvent éluder les questions qu’elle soulève. Le colloque d’où ce livre est issu se proposait de confronter les analyses de situations particulières, menées selon les méthodes de l’histoire, de la philologie, de l’ethnologie et de l’anthropologie, en élargissant l’examen à d’autres cultures que celles des religions dites du Livre, sans négliger celles-ci. Les auteurs des études réunies ici sont à la recherche de concepts opératoires, à distance du discours de la dévotion. Ils sont aussi à la recherche des formes infiniment variées de la sanctification des villes à des époques différentes, sous le regard, proche ou lointain, des habitants et des exilés, sous l’emprise, conquérante ou déçue, des pouvoirs qui s’érigent sur la sacralité des lieux et des communautés qui préservent ou s’inventent des identités en pérennisant des héritages ou en se les appropriant. Ils offrent des exemples bons à penser au lecteur qui est à la recherche, au moyen de la comparaison, tant des traits communs que des divergences. Un tel voyageur passe sept fois par Jérusalem et perçoit les métamorphoses de sa sainteté, telle qu’elle est codifiée à l’ère hellénistique (A. van der Kooij) et institutionnalisée en diaspora dans le monde gréco-romain (J. Tromp) ; telle qu’elle est menacée de mort au moment de la ruine du temple (S. Mimouni, M.-J. Pierre) ; rêvée et remodelée, à la fois évanescente et tangible, dans l’exil médiéval (J.-C. Attias) ; confortée pour les chrétiens du XVIe siècle par ce qui leur paraît l’humiliation de la ville, ses blessures devenant les stigmates de sa gloire (M.-C. Gomez-Géraud) ; jumelée avec La Mecque par la réflexion cosmogonique et eschatologique des mystiques musulmans (P. Lory). Le cas de La Mecque et de Médine aide à construire une typologie moderne (G. A. Wiegers) et à penser le rapport entre ville sainte et territoire sacré (H. Benkheira). La vénération pour Axoum dans l’Éthiopie chrétienne fait converger motivations religieuses et politiques (G. Lusini). À Rome, l’hagiographie martyriale part à la conquête du bastion polythéiste (P. Boulhol). D’autres rivalités se dessinent dans la mythologie des peuples du Mexique ancien qui ont tiré leur prestige de Cholula (M. Graulich). L’Inde, c’est à la fois le tout autre et le même : la sainteté des villes y est placée sous le signe de la fluidité (M.-L. Reiniche). Partout se vérifie et s’annihile le lamento paradoxal de Baudelaire : « La forme d’une ville change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel ».
Directeur d’études à la Section des sciences religieuses de l’École pratique des hautes études où il est titulaire de la chaire « Patristique et histoire des dogmes », Alain Le Boulluec consacre ses recherches aux doctrines des Pères grecs des premiers siècles et à leur exégèse de la Septante. Auteur d'un ouvrage en deux volumes sur la notion d'hérésie (Paris, 1985), il publie les oeuvres de Clément d'Alexandrie dans la collection « Sources chrétiennes » (Stromates V et VII, en 1981 et 1997) et collabore à l'entreprise « La Bible d'Alexandrie » (t. 2, Exode, en 1989, avec P. Sandevoir), tout en étudiant la littérature apocryphe chrétienne (écrits pseudo-clémentins).