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Pierre le Mangeur, connu également sous le nom de Pierre Comestor, est souvent appelé par ses contemporains Pierre de Troyes. Il est né probablement dans cette ville et y a été doyen du chapitre cathédral. Mais, s’il reste fidèle à cette cité, c’est en tant que maître à Paris qu’il jouit d’une réputation considérable: successeur de son maître Pierre Lombard, il a parmi ses élèves des auteurs aussi prestigieux que Pierre de Poitiers ou Étienne Langton. À la fin de sa vie (il meurt en 1178), il se retire à Saint-Victor de Paris. Son œuvre la plus célèbre est l’Historia scholastica, sorte de manuel d’études bibliques, fondé sur une réécriture des parties narratives de la Bible (jusqu’aux évangiles) et intégrant de nombreux éléments d’exégèse. Commentée pendant une ou deux générations (fin du xiie siècle, début du xiiie), elle fait l’objet d’une adaptation extrêmement bien diffusée en latin, l’Aurora de Pierre Riga, puis de traductions-adaptations en diverses langues vernaculaires, notamment la Bible historiale de Guyart des Moulins (à la fin du xiiie siècle), qui constituera la traduction française la plus répandue de la Bible jusqu’au xvie siècle. Pierre le Mangeur est aussi l’auteur d’un corpus de 189 sermons, qui laissent percevoir une évolution vers le sermon «moderne» plus tardif, et de commentaires des évangiles très passionnants, en ce qu’ils nous font véritablement entrer dans la classe du maître. Son œuvre théologique, encore mal connue, comprend un nombre important de quaestiones, un traité sur les sacrements et, peut-être, un commentaire des Sentences de Pierre Lombard, dont seuls des fragments nous sont parvenus.
Le présent volume examine ces différents aspects de l’œuvre de Pierre le Mangeur et situe cet auteur dans l’histoire culturelle de son temps: très marqué par les conceptions herméneutiques de Hugues de Saint-Victor (et lié à cette école majeure du xiie siècle), il est aussi l’un des représentants principaux de ce que l’on a pu appeler l’«école biblique-morale» parisienne du dernier tiers du xiie siècle. Le retentissement de son œuvre fait l’objet de plusieurs études et rappelle que l’Historia scholastica a été imprimée dès le dernier quart du xve siècle.