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Recognized as the first medieval instances of the romance genre, the Roman de Thebes, Roman d'Enéas, Roman de Brut and Roman de Troie (ca. 1150-1165) are based on the rewriting of Latin texts deeply rooted in history. Yet few studies have explored the relationship between these romans d'antiquité and medieval historiography, as a literary genre (estoire and historia). There has indeed been a tendency amongst critics to focus on a thematic analysis of the links between the "first romances" and history, at the expense of a more generic approach. Our task, therefore, is to show that this corpus can be defined by its conscious – and subversive – relationship with medieval historiography. By combining the Jaussian approach of the theory of genres with the methods of "New Philology", we shall first establish that the medieval readers interpreted romans d'antiquité not only as romance, but also as works of historiography. This double interpretation, confirmed on various accounts by the manuscripts, will then be explained by a poetic structure that playfully blurs the line between generic distinctions. Hence it will appear that the "first novelist" deliberately use the conventions of historiography in order to lay the foundation of a genre that will maintain a close, yet complicated, relationship with history.Fondés sur la réécriture d'ouvrages latins et médio-latins à forte teneur historique, les romans de Thèbes, d'Éneas, de Brut et de Troie (ca. 1150-1165) signent la « naissance du roman » en empruntant leur sujet à l'histoire. Pourtant, peu d'études ont été consacrées aux liens qui se tissent entre ces romans d'antiquité et la tradition historiographique en tant que genre littéraire (« estoire » et « historia »). La critique tend en effet à approcher les rapports entre l'historiographie et le genre romanesque naissant d'un point de vue strictement thématique de sorte qu'elle néglige souvent d'interroger leurs interactions génériques. Il s'agira donc de démontrer que les premières œuvres romanesques peuvent se définir par leur rapport conscient – et subversif – au genre historiographique médiéval. En conjuguant l'approche jaussienne de la théorie des genres aux méthodes de la « nouvelle philologie », il faudra d'abord établir que la réception médiévale du corpus se laisse infléchir par une double lecture historiographique et romanesque. Cette confusion typologique, diversement relayée par le témoignage des codices, pourra ensuite s'expliquer par une contexture poétique qui se joue des distinctions génériques. Il apparaîtra ainsi que les premiers romanciers convoquent délibérément les conventions de l'historiographie pour poser un geste fondateur dans l'histoire du genre romanesque : ils érigent une frontière – poreuse – entre roman et histoire.