دانلود کتاب L’autogestion, l’homme et l’Etat, « L’expérience algérienne »
by Serge Koulytchisky
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عنوان فارسی: خودمدیریت ، مرد و دولت ، "تجربه الجزایر" |
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Serge Koulytchizky, L'autogestion, l'homme et l'État. l''expérience algérienne. Paris-La Haye, EPHE & Mouton, 1974, 482 p., annexes, bibl., tabl. (ce Recherches coopératives » VI).
Le livre de Serge Koulytchizky est bien sûr déjà un livre d'histoire : sa documentation s'arrête en 1971, avant que l'on ne puisse juger de la portée d'une ordonnance aussi importante que celle du 16 novembre 1971, qui s'efforçait de réglementer la gestion sociale des entreprises. Mais cela ne retire rien à l'importance de l'ouvrage en raison du caractère global, quasi exhaustif de l'analyse. A cet égard, il encadre et complète ces deux excellentes contributions que sont, sur le plan de l'enquête monographique : La Mitidja autogérée de Claudine Chaulet1, et sur celui de la politologie et de l'histoire des idées : Révolution et autogestion rurale en Algérie de Gérard Duprat2. Quand viendra le temps d'une étude — bilan de la « Ké volution agraire » et... de tout ce qui reste à faire — , la geste et la passion du paysan algérien depuis l'Indépendance nous seront enfin connues, sous des aspects que masque l'évolution des structures.
La perspective est pleine de promesses : situer l'autogestion, d'une part face à l'État, d'autre part face à l'homme, bénéficiaire — ou victime — de l'expérience. L'auteur montre bien les pistes qui s'ouvraient, au delà de la gestion « empirique » des biens vacants, pendant l'été 1962 : une autonomie de type « municipaliste », réagissant contre la bureaucratie et les exigences de rentabilité, ou, au contraire, une intégration, voire une assimilation de type « préfectoraliste », majorant les droits de l'autorité de tutelle. C'est naturellement la deuxième tendance qui a triomphé, sans pourtant que le nom ni l'organigramme de l'autogestion soient en quoi que ce soit modifiés. H fallait situer cet exposé sur un fond d'évolution politique générale du pays. L'auteur s'acquitte à merveille de cette tâche ; de même, lorsqu'il évoque la crainte — finalement non fondée — d'un démantèlement de l'autogestion après le coup d'État du 19 juin 1965, avec, pour certains, l'espoir que subsiste ou que s'établisse véritablement un socialisme auto-
1. Claudine Chaulet, La Mitidja autogérée, Alger, SNED, 1971, 402 p.
2. Gérard Duprat, Révolution et autogestion rurale en Algérie, Paris, Armand Colin, 1973, 486 p. (« Cahiers de la Fondation nationale des sciences politiques » 189).
gestionnaire et fédéraliste, espoir qu'a pu pour un temps conforter le passage à la gestion coopérative des domaines confiés aux anciens moudjahidine.
On appréciera l'effort honnête et louable de l'auteur pour établir un bilan économique de l'autogestion. H ne peut que constater la baisse régulière du niveau de production, au moins jusqu'à 1968, date à laquelle s'arrête la documentation statistique de l'ouvrage. H est vrai que la « rentabilité » n'est pas la finalité première de l'autogestion par ailleurs alourdie par un suremploi presque fatal de main-d'œuvre. Le malheur, du point de vue économique, est que l'expérience ait porté sur les meilleures terres et sur l'agriculture la plus scientifique, la plus difficile à gérer en l'absence de cadres compétents...
La deuxième partie traite de problèmes humains. Là aussi les dés étaient pipés. Les fellahs, après avoir dénoncé dans les premiers congrès l'hypocrisie des promesses, en ont à peu près perdu conscience — par exemple, quand des rémunérations étaient considérées comme des avances devant être régularisées après partage d'une partie des bénéfices... En fait les ouvriers se sont comportés en salariés : le partage d'illusoires bénéfices n'entrant en ligne de compte que pour la forme, un comportement ouvriériste et syndical s'est peu à peu substitué au comportement gestionnaire des premiers temps de l'autogestion. L'auteur analyse très intelligemment le passage de la mobilisation paysanne pour l'indépendance au combat pour le socialisme, l'information, l'éducation par le parti restant assez rudimentaires. De même il souligne la part de l'autogestion dans la promotion culturelle de l'ensemble du peuple algérien, mais aussitôt d'ajouter que le fossé entre la masse analphabète et l'élite responsable s'en trouve finalement élargi.
Et l'on s'étonnerait, après ces amères constatations, de la conclusion optimiste de l'auteur quant à l'avenir des solutions autogestionnaires en général si l'on ne se rappelait qu'en Algérie l'expérience a été déviée, et par le caractère du fonds reçu en héritage de la colonisation et par le contexte politico-social de la post-colonisation.
P. Marthelot