دانلود کتاب Sociologie de la fessée - Réflexion sur la violence ordinaire dans la famille
by Christine Barras
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عنوان فارسی: جامعه شناسی در کونی - انعکاس خشونت های رایج در خانواده |
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جزییات کتاب
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Notre société encourage un modèle éducatif fondé sur la communication, la transparence et le respect de la personne. Ce sont notamment les travaux de F. Dolto qui ont permis de prendre conscience non seulement de la valeur, mais de la spécificité et des compétences de chacun dès les premiers jours de la vie. Cette vision de l’éducation constitue un progrès immense face à une éducation dite traditionnelle. Celle-ci, en effet, prend parfois le visage de la pédagogie noire, maltraitance légitimée par un groupe social, destinée à briser l’enfant pour qu’il devienne un homme aguerri et capable, s’il se soumet, d’accepter et de reproduire ce qu’il a subi.
Ce qui rend la situation d’aujourd’hui complexe pour les éducateurs, c’est la cohabitation partiellement inconsciente, souvent grinçante, entre ces deux modèles éducatifs contradictoires. Le premier se fonde sur une culture de la réponse, le second sur une culture de la question. Au cours des années, la substitution de l’un par l’autre a été partielle, avec des frontières brouillées, avec des avancées et des régressions. Les médias apportent une information surabondante en argumentant les bienfaits d’un type d’éducation et les dangers de l’autre, chacun des camps caricaturant les dérives et les excès de l’autre.
Pour mettre en débat ces injonctions éducatives contradictoires, j’ai réalisé une enquête sur la fessée auprès de 237 étudiants de l’Université de Mons (Belgique), âgés de 18 ou 19 ans. Par un questionnaire qui les a amusés et surpris, je leur ai demandé de donner leur avis sur cette pratique qu’ils ont vécue ou non en tant qu’enfants, et sur un discours sociétal tantôt autoritaire, tantôt permissif, à partir duquel ils se projettent en tant que parents.
Le thème de la fessée illustre bien une tension entre deux idéologies éducatives souvent liées à l’appartenance à une classe sociale. La fessée suscite des réactions extrêmement polarisées. Ses détracteurs la jugent abusive et humiliante, si l’on considère que le fort abuse du plus faible. Ses défenseurs se réclament du célèbre «Qui aime bien châtie bien», justifiant qu’une méthode un peu musclée amène l’enfant à intérioriser des normes jugées bonnes. Même si la fessée peut n’être qu’un accident de parcours, les gestes qui partent tout seuls ne sont jamais anodins. Le registre éducatif d’autrefois, alimenté par une société qui n’a jamais abandonné la violence, hante notre quotidien comme un fantôme. Mettre en débat la banalité de nos pratiques est peut-être un premier pas pour s’en libérer.