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La publication d’une nouvelle œuvre de B. Traven est en soit un événement. On sait en effet que si une bonne partie des romans de l’auteur du Trésor de la Sierra Madre sont disponibles en français, on est loin de disposer des œuvres complètes. Écrit en 1937, en allemand (Traven, de son véritable nom Ret Marut, a écrit en allemand, anglais et espagnol), le lecteur ne peut qu’accueillir avec intérêt cet opus inédit. Inspiré par la révolte de Zapata, ce roman raconte l’histoire de Juan Mendez, jeune chef indien, qui n’accepte plus la vie misérable qui lui est imposée, à lui et aux siens. Il décide de rompre avec des siècles de soumission à l’ordre des gros paysans et des descendants des colons. Les autorités locales considèrent avec dédain et mépris cette nouvelle révolte, puisque, selon leur vision du monde, menée par des sous-hommes, elle ne peut que s’éteindre d’elle-même, bien qu’il soit néanmoins nécessaire de prévoir une sévère sanction contre ces peones. Mais, une fois n’est pas de coutume, le jeune Juan Mendez se révèle un vrai conducteur d’homme, un chef de guerre avisé et un stratège de grande classe, qualités dont ne le pensent naturellement pas doté les grands propriétaires terriens et les chefs de l’armée. Cette armée des pauvres, des loqueteux, des moins que rien, pour lesquels Traven exprime son admiration, vole, mois après mois, de victoire en victoire. Ancien révolutionnaire, participant actif au mouvement des conseils en Allemagne après la Première Guerre mondiale, Traven situe son histoire – et se situe lui-même – du point de vue des opprimés, des déshérités. Le récit est sans pitié pour ceux qui sont battus. Les massacres succèdent aux massacres et la morale que développe Traven est souvent amère et violente. Mais la lutte des muchachos pour la terre et la liberté ne saurait se manifester dans la compassion tant l’auteur a compris que « Celui qui possède la carabine et le revolver est le maître de celui qui n’en a pas » (p. 82). La vengeance des dominés se révèle cruelle, mais la prose de Traven sait montrer qu’elle s’exerce au nom des intérêts d’une humanité rabaissée, salie, niée et sa compassion se manifeste pour ces hommes en haillons, qui font mentir, pour une fois, le séculaire mépris des dominants à leur égard.