دانلود کتاب Le Sanctuaire du Desorde ou l'art de vivre des tendres barbares sous les Tristes Tropiques: Etude de l'estétique urbaine et la mémoire collective au sud du Brésil
by Ana Luiza Carvalho da Rocha
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عنوان فارسی: محراب از Desorde یا هنر زندگی مناقصه اجنبی در فراموش شده استوایی: یک مطالعه aestetic شهری و حافظه جمعی در جنوب برزیل |
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"Maître" et "esclave" d'une raison pluraliste en accord avec le pays d'o— je viens, le moins que je puisse faire dans mon travail de création scientifique si tant est qu'une telle création existe, est de prendre en compte le sens que, au Brésil, on donne couramment à la Vie en tant qu'oeuvre d'art. On ne retrouve là aucune conformité avec l'image que les mass medias occidentaux véhiculent dans ce pays: celle d'un territoire proscrit, d'une terre de Carnavals homicides, du football comme philosophie de vie, de la délinquance des meninos de rua, du sensualisme et de beauté lascive des femmes et la promiscuité orgiaque des homosexuels.
Mais, parmi les diverses fortunes intellectuelles qui se sont faites jour, dans le cadre l'objectif de mon parcours académique, il en était une autre lourde de sens: exorciser le langage sous-tendu empreinte de "marginalité", de "retard" et de "sous-développement" dont la société et l'homme brésiliens ont été réinvestis, des attributs auxquels s'appliquent communément la pensée intellectuelle dans l'interprétation qu'elle fait de la d'une société urbaine et industrielle aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur du Brésil. A mesure qu'avançait l'écriture de ma thÈse de Doctorat j'ai découvert à cet égard que nous sommes tous dans le brouillard; faisant partie de l'"élite intellectuelle" au Brésil, provisoirement, et des "savants" en France, j'ai pu me rendre compte que très souvent l'unidimensionnalité du discours scientifique ne favorisait pas l'acceptation de l'ambiguïté et du paradoxe en tant qu'éléments constitutifs du dynamisme culturel d'un peuple.
Je l'avoue sans hésiter la pregnance des racines "brésiliennes" dans la figuration de mes idées aussi bien que dans l'expérience personnelle que j'ai vécue en France a été fréquemment à mes yeux comme reconnaissance de la fragilisation de ma pensée intellectuelle. D'autant plus que cela que réside la "raison interne" de cette thèse: la recherche, à tout prix, d'une adéquation entre la démarche méthodologique suivie et le génie créatif de la sensibilité collective au Brésil. Le panthéon pluriel de la psyché de l'homme brésilien a donc été pour moi un fondement "objectif" dans le processus de construction des connaissances et dans ma démarche de "production" d'une thèse de doctorat. Autrement dit, les réflexions que j'ai pu mener dans le contexte français se sont ralliées à la "doctrine" de l'intériorisation progressive de souvenirs de la vie sociale brésilienne.
C'est pourquoi l'un des défis que tente de relever la Partie I de cette étude- Approches théorico-méthologiques- est de formaliser une démarche interprétative, d'un point de vue sociologique et anthropologique, le processus de configuration des "formes tourmentées" comme l'un des éléments constitutifs pas seulement de l'image fusionnelle et confusionnele de l'homme et des villes brésiliennes, mais surtout de la pensée scientifique du Brésil.
Afin de mettre ici en exergue la voie réflexive inaugurée par Michel Maffesoli autour des liens organiques qui attachent le domaine de la vie quotidienne à l'imaginal, je commencerai ici par citer deux affirmations de Massimo Canevacci qui montrent bien la manière dont le noyau vivant de cette thèse aborde la mémoire collective et l'esthétique urbaine au Brésil. La première est que le Brésil est un grand producteur de syncrétismes culturels, spécialement en ce qui concerne la production de l'image de la cité, constat à travers lequel l'auteur fait de la logique "fusionnelle" l'un des phénomènes qui animent l'"aura" esthétique des villes brésiliennes. La seconde est qui au Brésil, il y a coexistence de différents temps dans la construction de la vie quotidienne; la pluralité des durées concernant le déroulement la vie sociale du pays est vue ici comme quelque chose en plus dans l'essence du génie ancestral syncrétique et métis de l'homme brésilien. Il n'est donc pas surprenant que le syncrétisme religieux au Brésil ait intéressé la recherche scientifique concernant l'ensemble civilisationnel des villes, territoire o— le trait "métis" de l'homme brésilien est le plus mis en valeur.
Dès lorsque l'on s'attache au thème "syncrétisme" et de la "métissage" comme traits dominants de l'homme brésilien, on découvre ce que nous, les citoyens, ne parvenons pas à reconnaître la vie de tous les jours mais qui en constitue une composante sous-jacente: une rythmique temporelle propre à configuration "frontalière" de l'être-ensemble au Brésil. Autrement dit, la synergie entre le développement technique et les grands idéaux bien lointains vus comme l'oeuvre de la émotion esthétisante d'un peuple capable d'établir, pour ce qui est de la métabolisation d'éléments étrangers chez l'homme brésilien, des rencontres et des carrefours entre ses diverses racines culturelles.
Force est de constater que le brassage des races comme partie d'un ensemble d'"opérations" qui met en oeuvre la cohérence paradoxale de durées superposées n'est pas seulement un phénomène sui generis, ni privilège de la culture brésilienne. Certes, la vie quotidienne d'une collectivité ou le moment fondateur d'un peuple ne se traduisent pas en tant qu'un synchronisme entre la durée du monde, celle qui recouvre la totalité fragmentaire des actes humains, et la durée réfléchie à travers laquelle, au fil des années, un corps social va soumettre ses expériences vécues à une hiérarchie d'instants. C'est justement dans cet éclatement du temps que s'accommode au polythéisme des valeurs de l'homme brésilien qui réside l'hypothèse centrale de cette étude sur l'esthétique urbaine et la mémoire collective.
En ce sens, les chapitres I et II de la Partie I, s'efforcent de délimiter, dans le domaine des Sciences Sociales au Brésil, les différentes démarches interprétatives qui font appel à la matière plurielle des souvenirs que l'on a des événements historiques qui ont configuré jusqu'à présent le théâtre de la vie urbaine dans,s le pays. C'est ce qui fait que, à l'acte de "confectionner" une thèse, s'est mêlé un désir personnel, et quelque part collectif, d'appréhender l'esthétique du "monstrueux" et du "grotesque" en tant que l'élément essentiel d'une sensibilité baroque qui caractérise la configuration de l'ensemble civilisationnel des villes brésiliennes.
Il nous faudra donc parler, un type de sensibilité susceptible de "rappeler" à l'homme de la civilisation qui la démarche historienne d'un temps linéaire et évolutif, pertinent au contexte de la pression psycho-sociale des fables progressistes dans lequel s'achève l'ère Moderne, a été construite sur le fond de jugements négatifs apportés par l'Occident chrétien à l'égard de l'étrangeté fondatrice des turbulences d'une "croissance non-finalisée", ce qu'il va appeller de "barbarisme". C'est en mettant l'accent sur l'aventure spirituelle de nier la mort et le néant existentiel que l'homme brésilien- en invoquant l'image du repos en tant que l'équilibre dans l'instabilité- va renverser la temporalité linéaire. Une aventure spirituelle qui se fonde sur l'émergence des constellations symboliques auxquelles s'attachent une communauté et qui expriment son désir de réparer les outrages du temps.
Si l'on observe les structures temporelles historiques qui retracent à la formation de la société brésilienne, on s'aperçoit que l'acte fondateur de la culture reste fort mal compris dans la plupart des recherches scientifiques entreprises par la pensée savante du pays. Fidèle à l'esprit moralisateur qui anime cette réflexion, la pensée savante va présenter une critique à la mythologie polythéiste du "non-racisme" populaire. C'est alors au "peuple" brésilien que revient les démérites de la valeur hétérogénéisation en acte qui représente sa figuration ethnique pluraliste.
Ce que nous essayons de montrer dans le chapitre I (Partie I), c'est que dans la vie quotidienne d'un peuple, aussi bien que de l'homme, recèle une conviction vitale qui l'oblige à agglomérer les divers instants de l'existence en restant fidèle à des rythmes à travers lesquels un vouloir-vivre collectif va se consacrer une réalité de l'ordre matériel. Par conséquent, la manière dont nous voyons ici la société brésilienne s'affirmer comme étant "non-raciste" ou "métisse" (en accueillant l'étranger tout en restant soi-même) ne relève, que nous le voulions ou non, que d'un mode de pensée que participent au fond de négations de la rigueur monothéiste de l'Occident chrétien. Un indice le plus s–r du polythéisme des valeurs du peuple, l'acte fondateur de la société brésilienne s'accorder au désir collectif de domestication des avatars temporels et mortels auxquels chacun de ses membres peut être exposé quand il' affronte l'inexorable discontinuité effective de ses racines culturelles.
Contrairement à tout ce qu'on enseigne dans le domaine de la sociologie urbaine au Brésil, les chapitres I et II, de la Partie II tendront précisément à montrer comment la création de l'ensemble civilisationnel des villes brésiliennes dispose les récits culturels qui retracent les souvenirs "historiques" de la découverte et la conquête territoriale du Nouveau Monde. Ceux qui engendre les légendes historiques relatives à l'installation d'une civilisation urbaine et industrielle au Brésil, vue comme l'élément fondamental qui va consacrer l'image de la coupure définitive entre l'homme brésilien et ses racines archaîques, c'est-à-dire la dissolution des liens qui l'attachent à son passé rural, patriarcal et colonial, celui-si conservatoire de l'image du Brésil comme d'une terre d'accueil des apatrides, de la pluralité des modes d'être.
Le but de la Partie II sera de montrer que les images de "chaos" et de "désordre" à travers lesquelles le théâtre de la vie urbaine du Brésil fréquemment est décrit impliquent une référence aux "mythes" de la ruine et du retard véhiculés par l'intimation psycho-sociale qu'ont dictée les événements historiques liés à la conquête coloniale de l'Amérique ibérique qui intègrent le monde imaginal de la société brésilienne. L'hypothèse, ici, est que la sensibilité baroque est un trait constitutif de la naissance de l'Amérique, et qu'elle pourra caractériser tout aussi bien, pour ce qui nous concerne, l'installation d'une civilisation urbaine au Brésil. Et elle deviendra d'autant plus plausible si l'on admet que les dispositifs urbains s'installent dans le pays en conséquence d'une sorte de résonance sentimentale de l'archaîsme des configurations symboliques qui relient le catholicisme pluriel de l'homme portugais aux racines culturelles paîennes des populations aborigènes locales et des peuples noirs transplantés de l'Africain.
Certes, il faut reconnaître la puissance onirique des images paradisiaques et infernales qui ont entouré le trajet d'intégration spatiale du conquérant portugais au milieu cosmique et social de l'Amérique, et qui se sont ensuite nettement manifestées à travers le modèle socio-culturel de la casa-grande et de la senzala au Brésil.
Tout d'abord lieu saint, terre de pèlerinage pour l'homme occidental, blanc et chrétien rêvant au Paradis perdu aux couleurs d'éden tropical, pour devenir finalement lieu de repos des apatrides regroupés autour de tribus nomades, d'aventuriers et de bannis, le Brésil assistera, à travers la création de l'ensemble civilisationnel de ses villes, l'accomplissement du désir mythique du Héros solaire de se réconcilier avec ses valeurs chtoniennes. Il faut donc avoir dans cet avènement une nouvelle modalité de maîtrise symbolique du temps qui tient compte de la rythmique temporelle ancestrale qui régi les cycles économiques végétale et minérale de l'appropriation territoriale du Nouveau Monde par le conquérant portugais et de son l'expérience initiatique aux Tropiques.
En s'attachant à certains emblèmes dont son porteuses les villes industrielles modernes du Brésil, la Partie II cherchera à cerner de près ou de loin l'atmosphère "chaotique" et "décadente" o— baigne la configuration de leur décor urbain et dans laquelle ses formes diverses de vie sociale se déversent au coeur de leurs places, de leurs rues, sur leurs plages, dans leurs shoppings centers et leurs marchés. Il s'agira ici d'un effort intellectuel visant à amener le lecteur à la comprendre les souvenirs et les réminiscences "historiques" de la conquête coloniale de l'Amérique portugaise qui, à travers un réinvestissement mythologique, ont présidé à la création d'un récit culturel autour des opérations matérielles ayant donné lieu à l'installation d'une certaine société urbaine et industrielle au Brésil.
Par une première série d'exemples, le chapitre I de la Partie II s'efforce de redécouvrir le "désordre" et la "turbulence" qui accompagne l'émergence "historique" des villes brésiliennes inséparable de la fidélité des habitants au dynamisme fécond d'un polythéisme des valeurs issues de l'émotion esthétisante méta-érotique et méta-racial de son être-ensemble sous les Tropiques, celle à travers laquelle il a su préserver, au fil du temps, la continuité "matérielle" d'une ambiance communautaire confusionnelle en résistant à l'avance du monothéisme des grands projets industriels et urbanistiques.
Le chapitre II, Partie II, nous chercherons à dévoiler l'émergence de quelques figures essentielles de la turbulence temporelle que s'accordent au processus l'enracinement dynamique du colonisateur dans le milieu objectif et cosmique de l'Amérique lusitaine. Il s'agit là de figures rhétoriques restituées dans la parole quotidienne de l'homme brésilien pour "communiquer" l'ambiance désordonnée et irrationnelle des villes brésiliennes. En essayant de mettre au jour les résurgences communes, d'un c“té, au l'acte d'assimilation accommodatrice du conquérant portugais à l'environnement naturel des Tropiques et des populations aborigènes à l'Etranger tout en restant eux-mêmes, et l'autre, aux décors et situations dramatiques des contes et légendes du folklore brésilien- susceptibles de rendre compte de la généalogie du complexe animalier de l'homme brésilien-, nous reviendrons au thème de la turbulence temporelle aux Tropiques étant l'orientation thériomorphe du mouvement de l'âme chez cet homme, dans son attachement aux légendes animales. On y retrouvera toute une mythologie fabuleuse des moeurs animales qui s'installe solidement dans le contexte historique des cycles des entradas et bandeiras et dans l'ambiance psycho-sociale qui est à l'origine de l'ensemble civilisationnel des villes au Brésil.
Tout en se référant aux récits culturels concernant la diffusion "historique" d'une civilisation urbaine dans l'Amérique portugaise, ce chapitre cherchera à approfondir parallèlement à l'orientation theriomorphe de l'imagination collective au Brésil-colonie, les images essentielles des moments dramatiques de l'apparition des premières peuplades et fortifications du littoral atlantique dans le contexte des batailles et des luttes immémoriales livrées par le Héros civilisateur dans le but de circonscrire le domaine "profane" de la Nature tropicale.
Dans ce sens, les images emblématiques du "barbarisme" et du "monstrueux" auxquelles nous ferons, ici, souvent référence pour décrire l'installation de l'ensemble civilisationnel des villes au Brésil, loin d'être un produit "événementiel" de la pression historique émanant du milieu culturel du "capitalisme sauvage" en Amérique Latine, semblent concrétiser les valeurs fondamentales qui suscite chez l'image de l'âme de l'homme brésilien le symbolisme thériomorphe. Cela, en dépit de tout un récital d'images diurnes hostil au cortège des images nocturnes que véhicule la scène confusionnelle du théâtre de la vie urbaine.
Pour éviter de "chosifier" la conscience imaginante qui a présidé à l'installation des agglomérations au Brésil, la Partie III de cette thèse se penchera plus en détail sur la façon dont a surgi l'ensemble civilisationnel des villes dans l'Etat du Rio Grande do Sul. Les chapitres I et II s'intéresseront à la topologie fantastique d'un territoire qui renvoie fréquemment, dans le monde imaginal de la société brésilienne, aux vieux principes de ses racines "barbares" et "sauvages". Il s'agira de retracer la généalogie d'une civilisation urbaine du sud du pays en analysant l'itinéraire suivi par la sédentarisation d'une société de guerriers nomade et pastorale, au vu de l'oeuvre mâle et virile de la conquête territoriale mise au point par le colonisateur portugais au sud du Tropique du Capricorne.
Le chapitre I de la Partie III apporte quelques précisions sur certaines récurrences communes d'images aux récits "historiques" de la conquête coloniale au sud du Brésil et à la configuration mythique de l'homme gaucho- ce "Centaure des Pampas" et "Monarque des Coxilhas"-, indispensables pour l'interprétation de la résonance sentimentale du tribalisme, de la barbarie et du nomadisme dans la configuration du théâtre de la vie urbaine au Rio Grande do Sul. En se tenant dans les limites d'une topologie fantastique, ce chapitre va détailler le processus graduel de "pacification" de la société gaucha et d'"adoucissement" des énergies pulsionnelles de l'homme du Sud, suite à l'entrée en scène des "moeurs courtoises", après l'arrivée des Cours portugaises à Rio de Janeiro et, ensuite à l'anéantissement des luttes fédéralistes pendant la formation de l'Empire tropical.
Le chapitre II de la Partie III s'efforcera là encore de mettre en avant la prédominance de quelques figures essentielles cette fois, à l'acte fondateur de l'ensemble civilisationnel des villes gauchas entraîné par les divers rythmes qu'ont cadencé la conquête territoriale du sud du Brésil. L'objectif sera ici, en parcourant les méandres des configurations symboliques qui ont favorisé les opérations matérielles d'assimilation accommodatrice de l'homme gaucho à son environnement naturel, de dévoiler les moments dramatiques qui président l'ébauche d'une émotion esthétisante syncrétique et métisse dans la mise en place du théâtre de la vie urbaine au Rio Grande do Sul.
Dans une perspective plus vaste et plus audacieuse, ce chapitre tentera de déchiffrer les empreintes mythiques constitutives des différents itinéraires ayant convergé vers l'avènement d'une civilisation urbaine au Brésil. L'une des voies sera l'étude de certaines figures archétypales qui peuvent préciser l'imagination créatrice de l'homme gaucho au moment de la configuration du théâtre de la vie urbaine dans l'Etat du Rio Grande do Sul; des universaux imagés véhiculés par le consensus historique et social qui s'est établi autour de la formation de la société riograndense et ressort compréhensif de l'arrangement esthétique des souvenirs ancestraux liés au trajet d'accommodation-assimilation du conquérant portugais au milieu social et cosmique de l'Amérique.
Afin d'étudier concrètement le message thériomorphe qui véhicule les images du "barbarisme" et de la "sauvagerie" pour l'interprétation de la polymorphie qui caractérise l'ensemble civilisationnel des villes industrielles brésiliennes, la Partie IV va s'intéresser au dynamisme tensionnel des différentes motivations symboliques dont procède la fondation de la ville de Porto Alegre, capitale de l'Etat du Rio Grande do Sul. Le but est ici de dépasser les démarches réductrices dans l'interprétation de la complexité du trajet "historique" d'installation d'une civilisation urbaine et industrielle au sud du Brésil, vue fréquemment à travers la polémique qui touche aux racines patriarcales, viriles et mâles de la société riograndense et de l'homme gaucho.
Selon l'idée que les opérations matérielles qui ont forgé l'avènement historique des premières agglomérations du Rio Grande du Sul se sont s'amorcées parallèlement à la création de fortifications, d'estâncias de pouso, de charqueadas et de ch caras, le chapitre I de la Partie IV s'attachera à restituer la dialectique des multiples durées qui a présidé la fondation de la ville de Porto Alegre. Il s'agira d'étudier le centre de causalités à partir duquel une "communauté de destin" envisage l'arrangement esthétique des réminiscences de structures spatio-temporelles plurielles constitutives de la manière d'être de son ensemble collectif. Pour mieux comprendre la dialectique de la durée prise dans le cours ordinaire de pratiques des habitants de cette ville, on fait appel, dans ce chapitre, à l'étude de l'ensemble de formes de vie sociale urbaine créées par le système de préférences d'une collectivité autour duquel s'organise les éléments hétéroclites de son lointain passé. Face à l'intimation du désir collectif, le théâtre de la vie urbaine sera contraint de perpétuer, dans le temps, le polythéisme de valeurs de ses habitants et, animé par l'énergétisme d'un vouloir-vivre sociétal, d'adhérer à la matière périssable du temps, en se transfigurant perpétuellement. C'est tout naturellement en se faisant le creuset du mouvement perpétuel de l'assemblage des souvenirs des événements historiques vécus par la société gaucha que va se forger, peu à peu, l'ambiance confusionnelle de la ville de Porto Alegre.
Enfin, le chapitre II de la Partie IV aura pour ambition de montrer que la métaphore sociale de l'Errant et du Navigateur, d'une part, et la surdétermination mythique de la technique du voyage, d'autre part (deux aspirations archétypales de la configuration du monde imaginal de l'homme gaucho), sont des éléments essentiels pour comprendre la généalogie de la logique fusionnelle qui contient ce que j'appelle ici l'"aura" barbare de l'esthétique urbaine de Porto Alegre.
En accordant une centralité souterraine à puissance onirique de l'homme du Sud à attribuer une mobilité à ses rêveries d'intimité domiciliée, ce chapitre s'attardera sur les valeurs maternelles liées à la quiétude et à la jouissance nourricière de la Grande Mère qui vont succéder aux intentions viriles et militaires du conquérant portugais à l'égard de la matière néfaste des Tropiques. Pour le cas de la ville de Porto Alegre, cela replacera le geste sédentaire des ancêtres açoriens et leurs activités agricoles au coeur du processus d'arrangement esthétique de souvenirs des événements historiques de la naissance de l'homme gaucho et qui ont fondé et continuent à animer le théâtre de la vie urbaine locale.
C'est cette double dialectique du nomade et de l'autochtone qui semble également constitutive de la valorisation positive que revêt l'avènement civilisationnel des villes gauchas grâce à de réhabilitation morale du geste vagabond et errant du tropeiro et du bandeirante l'aventurier à travers la domestication des moeurs au sud du Brésil. Le dernier chapitre de cette étude ainsi essayera ainsi de montrer la centralité souterraine des souvenirs d'errance de l'homme du Sud, et aussi de l'héroïsme de l'ancienne aristocratie de la vitesse de l'époque de la conquête territoriale du Rio Grande do Sul, dans l'essor historique des modernes activités monétaires et industrielles au sud du Brésil.
Compléments directs que la technologie du cycle a apportées au symbolisme de la technique du voyage, et suite à l'arrivée des immigrants allemands et italiens- et avec eux de la maîtrise d'une "production" de la technique artisanale-, les fables progressistes ont intégré le drame des épreuves temporelles de l'homme gaucho. Réceptacle géographique des images de la mort, de la fécondité et du cycle, la scène urbaine de Porto Alegre a glissé de l'accent affectif du repos de l'homme du Sud dans le giron maternel à la pure jouissance érotique et charnelle de festivités communautaires, emblèmes de l'éternel recommencement de la Vie.
La ville de Porto Alegre, lieu clos qui recèle les "instruments" et les "produits" d'une vie commerciale, industrielle et financière, s'impose finalement à travers l'assemblage de différentes temporalités de la manière d'être de ses héritiers (des immigrants, celle des anciens esclaves, celle d'une aristocratie urbaine), comme un noyau irréductible d'une sensibilité collective plurielle, chargée du symbolisme Grande Mère terre en tant que lieu d'accueil et de résurgence des valeurs chtoniennes de l'homme du Sud.
S'accordant ainsi aux rythmes d'une durée pensée et réfléchie mise en oeuvre par une communauté locale, la seule capable d'assurer son devenir "matériel", le chapitre II de la Partie IV se consacrera à réfuter la thèse selon laquelle la configuration urbaine de l'Etat du Rio Grande do Sul aurait succédé au reflux du nomadisme et du tribalisme chez l'homme du Sud. Ce n'est là qu'un jugement de valeur imposé par le mythe historique qui nourrit la dissémination des fables progressistes au Brésil.
Dès alors, rein de mieux, que le symbole de la totalisation pour décrire la mise en scène du théâtre de la vie urbaine à Porto Alegre, et que l'inépuisable capacité de ses habitants à rattacher, au sein des grands projets industriels, les aspirations monarchiques du conquérant portugais à l'image de la fécondité et de la prodigalité de la Nature au sud des Tropiques. Rien de mieux, non plus, ne pourrait confirmer, ici, l'hypothèse de cette étude. Il ne s'agit donc pas d'insister sur la découverte d'une causalité matérielle qui permettrait la pregnance du polythéisme des valeurs qui marque de son sceau l'ensemble civilisationnel des villes industrielles du sud du Brésil, mais bien de montrer que ce phénomène est constitutif de la manifestation d'une "raison sensible" chez l'homme brésilien, dont la pensée symbolique est responsable de l'harmonie conflictuelle qui, dans les cadres d'une durée riche, conjugue les éléments archaîques et contemporains