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« Esse est movere ». Ce petit bout de phrase, en Docte Ignorance II, 10 n’a guère attiré jusqu’ici les commentateurs de l’œuvre du Cusain. Or il se pourrait qu’il soit beaucoup plus important qu’il n’y paraît pour une compréhension équilibrée de la pensée de Nicolas de Cues. L’être serait à comprendre dynamiquement. Toute entité, en tant qu’elle est, implique autour d’elle du mouvement, du passage à l’acte. Il n’y a pas d’être qui soit dépourvu de tout effet, de tout impact sur le réel, mais toute réalité influe sur son environnement et même sur l’univers tout entier qui l’englobe. Nicolas de Cues se situerait donc dans la ligne de ces penseurs de l’être comme acte, parmi lesquels on pourrait compter Aristote, les stoïciens, Boèce, Thomas d’Aquin, Leibniz pour n’en citer que quelques uns. Le présent volume s’efforce d’étudier systématiquement le dynamisme métaphysique foncier de la pensée cusaine dans ses différentes dimensions : dynamisme de l’intelligence humaine, toujours poussée en avant dans sa quête du vrai par la présence sous-jacente de l’infini, de la volonté aussi bien humaine que divine, de l’espace, du cosmos, de la créativité humaine se manifestant dans le jeu, l’art, les mathématiques, le langage, l’assimilation au Christ. Il est intéressant de noter que Nicolas, fort critique habituellement à l’égard de la philosophie d’Aristote, reprend cependant les thèses du Stagirite à propos du mouvement, car il partage fondamentalement son point de vue dynamique : l’être est un procès, caractérisé par une composition de puissance et d’acte, qui mène chaque substance à son accomplissement. L’ouvrage, issu d’un colloque de la Société française Cusanus, tenu à Louvain-la-Neuve en 2019, reprend des interventions de Jean-Marie Nicolle, Isabelle Mandrella, Gianluca Cuozzo, Maude Corrieras, Marc Bayard, Joao Maria André, Frédéric Vengeon, Jean-Michel Counet et Hervé Pasqua.