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360pages. in8. Broché.Jean Sévillia consacre un ouvrage, intitulé Historiquement incorrect, aux questions historiques les plus controversées et les plus soumises à l’idéologie dominante et aux manipulations.Il ne pouvait donc pas éviter la question Pie XII à laquelle il consacre deux chapitres : le Vatican contre Hitler et chrétiens et juifs à travers l’histoire.Avec la clarté et l’esprit de synthèse qui le caractérisent, Jean Sévillia reprend toutes les données de la controverse, en partant de la fameuse photographie de Pacelli entre deux gardes allemands de la république de Weimar, et des écrits anti-Pie XII les plus célèbres (Hochhut et Cornwell).La bibliographie reprend les ouvrages les plus récents, de Philippe Chenaux à Hubert Wolf, et donne à ces deux chapitres une crédibilité indéniable.Avec raison, Jean Sévillia ne se limite pas au pontificat de Pie XII. Il consacre même la majorité de son étude au pontificat de son prédécesseur Pie XI, qui pose les fondements de la politique vaticane contre Hitler, dans un contexte différent, rappelons-le, de celui de son successeur.Après avoir rappelé le caractère viscéralement antichrétien du NSDAP et l’hostilité des évêques allemands à son idéologie, le récit des négociations et de l’application du concordat de 1933 permet de comprendre que ce texte, qui ne reconnaît ni ne légitime en aucune façon le régime et ses idéaux, a permis de préserver l’Église en lui garantissant son autonomie. D’ailleurs, le régime le viole à plusieurs reprises et multiplie les persécutions contre le clergé. Tout cela est fort bien vu.Quant à Pie XII, Jean Sévillia explique, avec toutes les nuances nécessaires, le poids du contexte de la guerre, le choix opéré en faveur de la prudence, sa préférence pour les Alliés (le pape est impliqué dans le complot contre Hitler de 1940).Quant à la question des persécutions antisémites, analysée dans le chapitre consacré aux relations entre chrétiens et juifs, elle permet à l’auteur de défendre la thèse la plus solide, celle des protestations mesurées et prudentes au profit d’une aide discrète et efficace.Une remarque de Jean Sévillia est à relever. L’Allemagne, remarque-t-il, était peuplée aux deux tiers de protestants. Et pourtant, c’est sur l’Église catholique et son chef que les attaques se concentrent. Faut-il alors en tirer la conclusion que cette « question Pie XII » n’a, en réalité, rien d’historique mais qu’elle relève d’un procès intenté aux catholiques actuels, rabaissés au rang de complices d’Hitler ?Les interrogations sont légitimes. Pourtant, force est de constater que l’Église catholique, de principale force d’opposition au national-socialisme est devenue, dans l’esprit général, son auxiliaire. Il y a là un retournement qui n’a rien d’historiographique.En fin de compte, le lecteur trouvera ici un bon ouvrage de synthèse qui fait le point sur les recherches les plus actuelles.